Après avoir décrit des voyageurs SNCF, pour le deuxième épisode de ma série ferroviaire, c’est au personnel de ce service public à qui je m’intéresse.
Cet article est ma façon de rendre hommage au travail du personnel de gare que je croise tous les jours, à toutes heures du jour et de la nuit sur les quais de gare.
Bien qu’il n’y a pas/peu de chanson pour eulles, on peut en trouver pas mal sur l’ancien métier qui leur est associé : le chef de gare.
Une lettre improbable pour une gare particulière
En 1970, sur excellentissime album Comme à la radio Brigitte Fontaine chante la longue et lente Lettre à Monsieur le Chef de gare de Latour-de-Carol.
Cette gare a comme particularité d’avoir 3 écartement de voies : standard, normal et ibérique
Monsieur le chef de gare
Monsieur le chef de gare
Monsieur le chef de gare de la tour CarolVous étiez très pâle à sept heures du matin
Vous aviez les paupières froissées
Et ça n’avez d’importance pour personne au monde
Ce qui est une chose horrible et normaleMonsieur le chef de gare de la tour Carol
Moi, j’étais descendue quatre stations avant
Et je ne vous verrais jamais
Comprenez-vous combien ce mot est cruel
Et combien il est nul en ce qui nous concerne vous et moi?On vous a remis un gilet de soie rouge …
Pour vous c’était l’heure du café au lait avec de la buée
sur les vitresJe veux vous dire de faire bien attention en traversant la
voieVous avez posé le gilet sur des papiers tristes et normaux
Alors que moi j’étais déjà dans les montagnes
Et je vous avez déjà oublié
Et le fait que je ne vous ai jamais vu
N’y est pour rien et n’excuse rienMonsieur le chef de gare
Monsieur le chef de gare de la tour de Carol
Je voulais vous dire
Merci pour le gilet
Le chef d’orchestre est un être sentimental.
C’est ce que chante Jean Ferrat en 1979 dans le chef de gare est amoureux.
Quand il sort le matin d’la gare
Chacun sourit chacun se marre
Quand il passe au milieu d’la rue
Chacun murmure il est cocu !
Chacun chantonne il a des cornes
Sa connerie n’a pas de bornes
Chacun le croit dur de la feuille
Chacun se met le doigt dans l’œil !Plaignez pas l’imbécile heureux
Le chef de gare est amoureux!Chacun raconte à sa manière
Les safaris de sa panthère
Elle a la cuisse hospitalière
Oui mais quand même elle exagère
Tout le monde est passé dessus
A part les trains bien entendu
Chacun décrit chacun relate
Sa façon de lever la patte !Chacun siffle la chansonnette
Quand on aperçoit sa casquette
Il est un peu bas-du-plafond
Il a rien dans son pantalon !
Cocu content laissons les dire
C’est la bêtise qui transpire
Et de la bêtise il s’en fout
Laissons glouglouter les égouts !Il n’a qu’une idée dans la tête
Le train de neuf heur’ cinquant’-sept
Car tout son bonheur en descend
C’est une fille de seize ans
Elle est charmante elle est discrète
Et c’est dans un wagon-couchette
Que tous les soirs les deux amants
Se font un p’tit appartement !
Le chef de gare peut avoir une famille
En 2000, pour leur premier album en concert le groupe les blaireaux parle de la fille du chef de gare. La chanson est un soupçon mysogine, mais permet de continuer sur la lignée de Ferrat et comment amour et sexualité ne sont pas toujours liés.
Mammifère plantigrade
Sans laisse et sans collier
Un jeune blaireau en rade
A quitté son terrier
Trop tenté par la drague
Il quitte la fille qu’il aime
En direction de Prague
Pour une vie de bohème
Humaniste pervers
Quoique un peu misogyne
Il parcourt la terre
Tel MoravagineUn soir en pava
En instance de départ
Il rencontre Katrina
La fille du chef de gare
Deux, trois pivots bien fraîches
Détendent l’atmosphère
Au départ un peu sèche
Katrina se libère
Pour une histoire de cœur
La jeune fille fond en pleurs
On sait que malheureuses
Les filles sont généreusesTout en séchant ses larmes
Katrina relève la tête
Et use de tout son charme
Pour capturer la bêteElle joue donc avec zèle
Du plus beau des appots
Le cri de la blairelle
En mal de blaireauAvec le savoir-faire
Des paysannes moraves
Au pied du pauvre blair
Elle fixe ses entravesLaisse tomber l’éphémère
Des amours de passage
Des instincts libertaires
Et des désirs volagesPourquoi partir plus loin
Pour un pseudo ailleurs
Alors que clé en main
Je t’offre le bonheurOublie ta mise en scène
Apprenti baroudeur
En échange je t’enchaîne
Au jaseron de mon cœurMais soudain …
Brusquement la donzelle
Sursaute de frayeur
Entendant derrière elle
La voix de son géniteurLe train pour Budapest
Annonce le haut-parleur
Partira du quai 7
Dans moins d’une demi-heurePlus rapide que l’éclair
Le blaireau en profite
Pour sortir de ses fers
Et pour prendre la fuiteDans le train qui le mène
Vers les plaines Maggiar
Blaireau oublie sans peine
La fille du chef de gareTu défends vaillamment
L’ordre des carnassiers
Et à ton panache blanc
Nous nous sommes rallierMais nous ne prendrons pas les armes
Pour te faire triompher
Nos guitares et le charme
Remplaceront l’épée
L’image en une de l’article est issue du site https://fredsochard.com/2015/03/14/le-chef-de-gare/