Quand en 2006, j’ai acheté et écouté la compilation chansons interlopes (1906-1966), j’ai fortement apprécié la chanson ils en sont tous pleine de gentillesse, dérision, exagération, acceptation .
Je vous laisse ci-dessous découvrir cette chanson écrite et interprétée par Robert Rocca en 1949.
A propos de cette période, en plus du livret d’accompagnement du CD on peut lire l’article
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- Robert Rocca (Q3436179)
- Chansons interlopes (1906-1966) (Q2956193)
- Ils en sont tous (Q91332056)
Paroles
C’est une petite ville aimable, comme chez nous on en voit tant
Une grand’ rue, une place adorable avec une fontaine au mitan
Une petite église qui s’embête, une mairie qui sent l’renfermé
Une petite gare où l’train s’arrête quand le chauffeur est bien luné
C’est une petite ville accueillante où l’ciel est clair, où l’air est doux
Mais l’chef de gare, à la descente, vous dit tout d’suite « Bonjour mon chou »
Dans c’pays-là, ils en sont tousLe boucher commença l’histoire, un jour qu’il emm’nait son commis
Chercher d’la viande aux abattoirs, il l’appella « Mon p’tit chéri »
Le lendemain ce fut l’notaire qui, devenu soudain nerveux,
Fit appeler son premier clerc pour lui dire qu’il avait d’beaux yeux
Le clerc qui frise la soixantaine remercia, troublé, et rougit
Ajoutant avec un peu d’gêne « Le gendarme me l’a déjà dit »
Dans c’pays-là, ils en sont tousL’habitude fut bientôt prise de prêcher l’amour du prochain
Toute la ville s’y est mise, c’est bien là le mot qui convient
Parfois, dans la nuit qui commence, on entend la voix d’un chanteur
C’est l’facteur qui chante une romance sous les f’nêtres du marchand d’couleurs
Mais, s’il y a souvent des drames, un soir l’épicier un peu gris
Fut trouvé couché près d’sa femme, il a dû quitter le pays
Dans c’pays-là, ils en sont tousUn jour, est venu de passage un monsieur nommé Paul Dupont,
Ses initiales sur ses bagages ont fait aussitôt sensation
Tout l’pays lui courait derrière, il a eu peur d’un mauvais coup
Il est allé voir l’commissaire, l’commissaire l’a pris sur ses g’noux
Et comme c’est un homme habile, Dupont fut bientôt consolé
Il vient d’louer une maison en ville et il n’parle plus de s’en aller
Dans c’pays-là, ils en sont tousEvidemment les femmes sont tristes, elles n’ont plus d’mari ni d’amant
Elles n’comptent plus qu’sur l’séminariste qui va rentrer du régiment
Pour l’instant y a que l’petit Jacques qui soit encore un vrai garçon
Comme il a eu six ans à Pâques, on peut pas se faire d’opinion
Faut voir de quel amour sincère, elles entourent le moutard
Elles le soignent bien car elles espèrent se l’mettre de côté pour plus tard
Dans c’pays-là, ils en sont tousY a bien l’vieux curé qui s’occupe de remettre tout l’monde sur l’droit ch’min
Mais comme il dit « Avec mes jupes, qu’est c’que j’peux avoir comme tintouin »
L’soir, quand il rentre au presbytère, sur sa bécane il est inquiet
Ils s’mettent tous à plat ventre par terre pour tâcher de voir ses mollets
Ils sont si nombreux à confesse, l’curé trouve ça si peu normal
Qu’il envisage avec tristesse de faire blinder le confessionnal
Dans c’pays-là, ils en sont tousC’est une charmante ville de France où l’ciel est clair, où l’air est doux
Messieurs, passez-y vos vacances si vous vous sentez sûr de vous
Sous la verdure qui la cache, la petite rivière coule sans bruit
Si vous avez de belles moustaches, l’hôtelier vous fera des prix
Et loin des orages qui grondent, vous découvrirez, satisfaits,
Qu’il existe un coin dans le monde où les hommes vivent en paix
Dans c’pays-là, ils en sont tous