passant Michel Bühler

Coming out – Michel Bühler

Ce qui est bien avec un tel blog c’est que je suis obligé de faire des recherches et re-découvrir des chansons. Ainsi pour Michel Bühler, chanteur suisse libertaire qui arrive souvent dans ma liste d’écoute aléatoire, je me suis aperçu d’une chanson au titre de coming out dont je n’avais pas au préalable fait attention.

C’est un peu normal. Le terme coming out dans son acception initiale est de rendre public (et non avouer comme on peut lire/entendre) son orientation sexuelle voir identité de genre. La deuxième acception est celle de révéler quelque chose que l’on a tut.

Et c’est ainsi qu’en 2008, sur l’album Passant que Michel Bühler enregistre coming out. Il s’agit ici de rendre public son goût pour les chansons de salle de garde et comme les amis qui l’ont précédé en composer une. Et il y a quelques allusion non voilées à l’homosexualité masculine et féminine.

Après tant de carabins
De bidasses, de potaches
Après Perret, l’œil malin
Et Tonton Georges sous sa moustache
Après Boby, les joues roses
Sans tambours et sans trompettes
Permettez qu’à mon tour j’ose
Un genre de chansonnette
De celles-là qui font prout
Aux oreilles raffinées
Et que certaines écoutent
Tout en se pinçant le nez

Il se peut que mon image
De poète délicat
Se bonifiant avec l’âge
Las, ne s’en relève pas
C’est un risque que j’assume
Que je prends, quoi qu’il en coûte
En laissant aller ma plume
Pour un genre de coming out
Oui, depuis bien des lurettes
Je l’avoue, je suis porté
Vers de charmantes bluettes
Toutes de subtilité

Dedans un bréviaire antique
On en trouve un florilège
Gais refrains que je pratique
Depuis le temps du collège
Ce qui fait qu’ sur l’ bout des lèvres
J’ connais les Stances à Sophie,
Dupanloup, les Trois Orfèvres
Jeanneton prend sa faucille
Et l’ vieux cordonnier Pamphile
N’a pas de secrets pour moi
Pas plus que Pineau, Jean-Gilles
Ou Charlotte aux jolis doigts

Et puisqu’on ne fait plus guère
Aujourd’hui de ces refrains
Dont la culture se perd
Dont la tradition s’éteint
Qu’il faut ranimer la flamme
Porter bien haut le drapeau
Pour que vivent, Messieurs Dames,
Notre langue et ses joyaux
J’ai écrit ces quelques vers
Hommage à l’esprit gaulois
Hommage au langage vert
Vivant et de bon aloi

{Parlé:}
Et puis, je me suis dégonflé…
Je ne peux pas vous proposer un texte dans le style des chansons
de salle de garde, cher public ! Et les bambins qui vont nous écouter !
Pourtant la chanson était écrite et j’avais pas le cœur de la jeter au panier…
Alors j’ai changé quelques mots, ici ou là, et ça peut maintenant
parfaitement être chanté par les enfants de la chorale de la paroisse !
Vous êtes là ?
– Oui !
– Vous allez m’accompagner, en accentuant bien certaines rimes, pour m’éviter
de retomber dans une histoire scabreuse.
On est d’accord ?
– Oui !

Dans le village où j’habite (bite)
La fille au coupeur de draps
Adore les grandes mites (mites)
Que redoute son papa
Comme le père à grosse lippe (lippe)
Peine à gagner son rata
La fille taille des nippes (nippes)
Pour l’aider comme il se doit
Quant aux mites, la fripouille (pouille)
Elle leur caresse les bras (bras)
Puis, les croque avec des nouilles
Ah, le délicieux repas !

C’est Thérèse sa copine (pine)
Celle qui rit quand on l’appelle (pelle)
Qui a rapporté de Chine
Cette recette nouvelle
La voyageuse interlope (lope)
Est une parfaite savante (vante)
Fille d’une abbesse et d’un pope
Élevée par une tante
Dans le fond de sa boutique (tique)
Tout le jour elle s’astreint (treint)
À requinquer, c’est comique,
Les nouilles tristes des anciens

Elle les prend dans sa menotte (notte)
Et les met dans sa curieuse (rieuse)
Casserole en cuivre où gigotent
Les mites aventureuses
Puis, forte comme un soudard (dard)
Elle empoigne le gros manche (manche)
D’une sorte d’écumoire
Qui éponge les larves blanches
Celles-ci, pareilles à des outres (outres)
D’un coup lâchent tout leur jus (jus)
Dressées fières comme des poutres
Sur les nouilles des vieux perclus

Mais les filles de chez nous (nous)
Ont de ravissants mystères (tères)
Il en faut, ma foi, beaucoup
Et souvent pour les satisfaire
Aussi quand, cornegidouille (douille)
Un fameux casseur de noix (noix)
Hindou arriva des Pouilles
Jugez quelle fut leur joie
Aussitôt les deux coquettes (quettes)
Se jettent sur la brassée (sée)
De fleurs que le jeune esthète
Dans les champs a ramassée

Mais quelle déception lorsque (que)
Elles voulurent prendre la main (main)
Du jeune homme ténébreux
Arrêté sur le chemin
Celui-ci, gracieux et gai (gai)
Dit « Sorry, girls, je suis gris (gris)
Ayant un peu abusé
Du bon vin de l’Italie »
Puis il ajouta, pompette (pette)
« Touchez pas à mes roupies (pies)
Je les cache dans ma jaquette
Ce sont mes seules économies »

L’ père sournois et convaincu (cu)
Dit au jeune homme au beau front (front)
« Viens chez moi, j’ai des écus
Cachés au fond d’un carton »
Et c’est ainsi que l’on vit (vit)
Le coupeur et son grand pote (pote)
S’en aller vivre leur vie
Loin d’ sa fille et d’ la bigote
Celles-ci dans un marché (ché)
Dénichèrent un godelureau (lureau)
Violoniste au bel archet
Connu pour son vibrato
Qui avec ses plus belles notes (notes)
Leur fit bien mouiller leurs yeux (yeux)
Ce que les deux rigolotes
Apprécièrent et c’est tant mieux !

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Author: melomane-en-revolte

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